Le syndrome de L’imposteur
Le syndrome de l’imposteur forme une grande partie d’un manque d’estime et confiance en soi. L’estime de soi est l’évaluation que nous faisons de tout ce que nous connaissons à notre sujet (notre identité).
Une des causes du syndrome de l’imposteur vient de notre société, de son fonctionnement, de ses valeurs – les valeurs de notre société sont très individualistes. Ces valeurs peuvent être bonnes lorsqu’elles nous aident à nous concentrer sur nous-mêmes de manière constructive pour nous réaliser. Par contre, la société va trop loin dans l’individualisme lorsqu’elle développe des valeurs de compétition, de comparaison aux autres et de performance à tout prix. L’individualisme négatif est celui qui prend la forme de normes absolues que la société nous impose: pour exister, pour être heureux, pour être reconnu, nous devons être les meilleurs, les plus intelligents, les plus riches, les plus performants, les plus admirés, etc. (et cela, toujours dans un rapport de comparaison aux autres). Si l’on suit la logique de ce diktat social, nous devons absolument avoir toutes les bonnes compétences pour prétendre être qui nous sommes vraiment.
Le Résultat entraîne: Stress, anxiété, auto-sabotage, honte, procrastination, perte de l’estime de soi, dépression et burn-out qui prennent toute la place pour nous empêcher d’avancer.
En quoi consiste le syndrome de l’imposteur?
C’est un doute persistant sur nos capacités, nos talents, nos accomplissements dans le travail, qui nous fait nous sentir totalement illégitimes. Dévalorisation de soi, dépréciation de soi sont les maitres mots du syndrome de l’imposteur. Pas assez bon, pas assez diplômé, pas méritant, nous avons une impression permanente de trahir l’autre, de lui mentir, et de ne pas être à notre place. On peut aussi croire que nous n’avons pas toutes les compétences des experts pour réaliser nos objectifs.
En effet, si nous avons peur d’échouer et de ne pas être à la hauteur, si nous avons peur de nous faire juger et d’échouer, la réaction logique consiste à être parfait(e). Donc, tout ça rime avec le «perfectionnisme»… Mais le perfectionnisme nous fait mettre la barre trop haut et dilapide nos efforts et notre énergie à vouloir réaliser trop parfaitement une foule de choses qui n’ont tout simplement pas à être parfaites! Ce perfectionniste nous épuise, nous stresse, nous démotive et nous fait perdre de vue nos priorités…
Des outils pour vous libérer du syndrome de l’imposteur
Si vous vous sentez comme un imposteur, il est temps de vous demander pourquoi. Tout simplement. Cela peut paraître idiot et pourtant on pense rarement à se poser cette question tellement que l’on est pris dans ce stress de pseudo-usurpation. Donc, identifiez les pensées absolues (et autres distorsions cognitives) reliées au manque d’estime de soi et qui vous conduisent à vous juger aussi sévèrement.
Peut-être manquez-vous simplement de connaissances, de quelques compétences ? Vous pouvez combler vos lacunes en faisant des recherches, en apprenant, en expérimentant.
Si vous vous investissez dans un job, c’est que vous en êtes capable et que vous méritez les compliments que l’on vous fait. Il va donc falloir apprendre à accueillir les éloges, à les accepter et à prendre conscience qu’elles sont méritées. Tant que vous les réfutez, votre syndrome de l’imposteur résistera, c’est une évidence.
Soyez objectif avec vous-même : quelles sont vos réussites professionnelles ? Notez – les, et vous vous apercevrez que vous seul en êtes l’auteur, on ne vous a pas offert une promotion pour vos beaux yeux, on ne vous a pas fait cadeau de vos diplômes parce que vous étiez souriant, on ne vous a pas félicité juste pour vous faire plaisir.
Permettez-vous de vous tromper : oui parce que lorsqu’on se sent imposteur, normalement, on doit tout faire pour être parfait – être au top ! Alors il est temps de vous accorder le droit à l’erreur, de ne plus vous acharner au boulot pour prouver à qui que ce soit, quoi que ce soit.
Ce n’est pas en travaillant 15h/jour que l’on dira de vous que vous êtes le meilleur…Par contre, vous risquez de devenir un “pigeon”, rôle que vous adorerez pour masquer votre imposture … Stop au perfectionnisme qui ne fait qu’accentuer le syndrome !!
Demandez du feedback autour de vous : ça fait peur, mais vous serez certainement agréablement surpris d’entendre des gens vous congratuler pour votre travail et ce que vous leur apportez. Il est vraiment important d’entendre ce que les gens pensent de vous, et pas ce que vous imaginez qu’ils pensent de vous.
Voici quelques exemples de ces pensées destructrices et absolues qui entretiennent ce sentiment d’imposture:
Tout doit toujours être parfait.
Je dois performer dans tout ce que je fais.
L’échec n’est pas tolérable.
Je n’ai pas de valeur si je ne suis pas admiré(e) des autres.
Si je fais une erreur, les autres vont me critiquer et me rejeter.
Ce genre de pensées créent une pression ÉNORME sur la personne qui les entretient, et l’empêchent de se croire à la hauteur.
Pour vous libérer de ces distorsions cognitives, vous pouvez les combattre en utilisant le recadrage.
Recadrer consiste à carrément critiquer ces pensées en vous posant des questions comme:
Ai-je à être un(e) expert(e) du domaine pour prétendre pouvoir faire cette activité?
Quel sera le pire qui puisse arriver si j’échoue ? Est-ce que ce sera vraiment aussi terrible que je le crains?
Les autres ont-ils vraiment les compétences que je m’exige pour faire la même chose?
Les autres m’ont-ils critiqué(e) et rejeté(e) à ce point les dernières fois que j’ai fait des erreurs?
La perfection existe-t-elle vraiment? Est-ce réaliste et constructif de toujours vouloir tout faire de manière parfaite sans me tromper?
Quelles sont les conséquences sur moi (sur ma vie, sur mon stress, ma motivation, mes relations, etc.) d’entretenir ces distorsions cognitives?
Le fait de vous poser ce genre de questions vous aidera à recadrer les distorsions cognitives et à prendre du recul pour diminuer progressivement la pression que ces pensées exercent sur vous.
Pour vous soulager du syndrome de l’imposteur il consiste à mieux définir votre vision personnelle et vos objectifs à court, moyen et à long terme. Lorsque vous savez où vous désirez aller dans votre vie, vous êtes motivé(e) à atteindre vos objectifs. Plus ceux-ci seront clairs et plus saurez que ce sont les résultats qui comptent, même s’ils ne sont pas parfaits, et non pas certaines idées tyranniques comme la « perfection ». L’important est d’avancer, pas d’être parfait. C’est d’ailleurs ce qui permet de développer sa confiance !
Les personnes qui ont réussi le plus dans leur domaine se sont souvent concentrées bien davantage à réaliser correctement leurs objectifs et se sont assurées qu’elles avançaient, plutôt que de simplement poursuivre la chimère de la perfection pour pouvoir se donner le droit d’avancer (en se critiquant sans arrêt sur le chemin). Ce qu’il faut c’est de prioriser ses objectifs et se concentrer sur ce qui est le plus important. Et la plupart du temps, il sera plus important de réaliser une activité qui vous fait avancer en direction de vos objectifs, donc utilisez le SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réalisable, Temporellement défini) pour vos objectifs.
Le syndrome de l’imposteur n’est, lui-même, qu’une imposture ! Vous pouvez tout faire pour ne pas le laisser vous distraire de tout ce que la vie vous réserve de beau.
Chantal HELENE